Comme tous les quinze jours, Kalel devait se rendre chez sa psychiatre qu’il voyait depuis plusieurs mois à présent. Ce n’est pas qu’il souffrait d’une grande dépression et qu’il avait une maladie qui lui donnait cette envie de faire la conversation avec une spécialiste, mais disons qu’il avait des problèmes relationnels depuis toujours et qu’il n’en comprenait pas les raisons. Certes, ses parents avaient divorcés lorsqu’il n’était encore qu’un gamin et cela lui avait donné une bien mauvaise image des relations amoureuses, mais il souhaitait quand même comprendre d’où lui venait son blocage et pourquoi il angoissait autant à l’idée d’être en couple avec une femme sur le long terme. Mais il n’y avait pas que cela qui posait problème au jeune homme. Non, le tatoué commençait aussi à être sous le charme de sa psychiatre, de cette femme magnifique qu’il voyait toutes les deux semaines et qui connaissait quasiment tout de sa vie. Il n’arrêtait pas de se dire que c’était stupide, qu’il devait mettre un terme à tout cela, mais il n’en n’était pas capable. Il aimait la compagnie de la brune et ne voulait pas que les séances s’arrêtent, mais en même temps, Kalel ne pourrait pas vivre éternellement en retenant ces pensées et ces idées qui lui traversaient la tête lorsqu’il voyait cette sublime créature. Quoiqu’il en soit, le tatoué garait sa moto sur le parking et se dirigeait ensuite vers l’entrée du cabinet. Il respirait un grand coup et sonnait à la porte, s’annonçant ainsi au secrétariat. On lui ouvrit la porte, et là encore, il voulait prendre la fuite, mais il ne le pouvait pas. Ces séances étaient comme une drogue. Il s’installait donc tranquillement dans la salle d’attente, son casque de moto dans une main alors qu’il réfléchissait à la manière dont allait se dérouler cette séance. Devait-il tout lui dire ou devait-il se taire encore ?

Tous les matins elle pleure. Des larmes roulent sur son visage alors qu'elle vient tout juste de se réveiller. Elle ressent sa peau gelé contre la sienne, leur dernier baiser. Il était déjà mort mais il leur fallait un au revoir alors, elle a embrassé son époux. Elle se souviendra toujours de cette froideur de la mort, celle que Gemma haie plus que tout au monde. Pourtant elle sait qu'elle ne gagnera pas. Elle est impuissante face à elle, comme chaque être humain résident sur cette terre. Alors, comme tous les matins, elle embrasse l'oreiller de son époux avant d'aller dans la salle de bain prendre une bonne douche bien chaude avant de s'emmitoufler dans une serviette bien chaude. Les larmes roulent toujours sur son visage et c'est avec une telle ardeur qu'elle s'arrête de pleurer. Elle doit se reprendre et se préparer puisqu'elle a des consultations aujourd'hui. Elle prend donc une robe de couleur bleu nuit cintrée. Elle attrape ses Louboutin et les enfile non sans mal puisqu'elles sont magnifiques mais elles font extrêmement mal. Elle pousse un long soupire avant de se répéter : "Il faut souffrir pour être belle." Arrivant à son cabinet presque en boitant puisqu'elle a pris les transports en communs elle arrive en retard. Passant dans sa salle d'attente, la miss croise le regard de Kalel. Il faut bien dire qu'elle en pince pour lui. Pourtant elle se le refuse. Son époux est décédé il y a que quelques petites années et elle ne se sent pas retomber dans une histoire d'amour après  tout son époux n'est plus là à cause d'un patient psychopathe. Pourtant elle sent son dos parcourir de frissons. Elle lui sourit, s'empourpre avant de faire passer son premier patient. Avant de rejoindre sa salle d'attente ou réside Kalel, elle prend un énorme courage puis ouvre la porte. "Monsieur Whitmore, je vous en prie, suivez-moi."

Kalel n’était pas franchement à l’aise aujourd’hui. Il ne savait pas franchement si cette séance était une bonne idée et il hésitait toujours entre tout dire à la jeune psychiatre ou se taire encore, jusqu’à ce que tout cela disparaisse complètement – bien qu’il doutait que ce fut possible -. Son regard restait planté dans le sol, jusqu’à ce qu’il aperçoive la silhouette familière de la jeune femme et là, il lui rendit son sourire alors qu’elle s’empourprait et disparaissait dans son cabinet. Le tatoué avait envie de rire face à ce comportement, mais il n’en fit rien parce qu’il ignorait pourquoi elle rougissait ainsi ou si parce que, elle regrettait déjà ce sourire qu’elle avait eu à son encontre. Et oui, contrairement aux apparences, le jeune homme n’était pas le plus doué dans les relations amoureuses et ne savait jamais vraiment comment il devait être en présence des femmes parce qu’il n’avait jamais eu de bon modèle en la matière. À ses yeux, et jusqu’à présent, la gente féminine ne représentait qu’une distraction. Enfin, Gemma l’appelait enfin. « Bonjour. » Lâcha-il avant de la suivre en détaillant de nouveau sa silhouette. Seigneur, elle lui semblait tellement parfaite. Il respira un grand coup lorsqu’il entra dans le cabinet et comme à son habitude, il prit place en posant son casque à côté de lui. « Je n’étais pas sûr de venir aujourd’hui. » Déclara-t-il sans préambule. Elle n’allait rien comprendre à son comportement, c’était certain. « En ce moment, je ressens des choses que… je ne devrais pas ressentir. Vous comprenez ? » Ajouta-t-il en coulant un regard vers elle. Il ne parlait pas si rapidement normalement, mais là, Kalel en ressentait le besoin. Elle était bien trop troublante.

Nerveuse, la jeune femme s'installe derrière son bureau alors que son patient est déjà assis. Elle sait très bien que ce n'est pas un acte de non politesse, au contraire il avait l'air pressé comme s'il avait quelque chose d'important à dire. Lui souriant, elle s'empare de son dossier avec son nom marqué en gros sur la première page de couverture. L"ouvrant, elle relit rapidement ce dont ils ont parlés la dernière fois quand il  affirme avoir hésité de venir. Cela la tic et encrant ses prunelles dans les siennes, elle dit dans un quasi murmure : "AH bon ? Pourquoi cela ?" Elle se sent sur la défensive comme s'il l'avait blessé quelque part. Oui elle l'aime beaucoup trop, oui elle a déjà vécu cette descente aux enfers. Reprend de son aplomb elle reprend la parole : "Je peux vous conseiller un nouveau psychiatre si nos rendez-vous posent des soucis." Mordant sa lèvre inférieure, elle fixe son dossier avant de reprendre. "Comment cela ? Soyez plus explicite s'il vous plaît monsieur Whitmore. Soit vous en dites trop, soit pas assez." S'emparant de son stylo elle marque quelques mots avant de passer une main lasse dans ses cheveux. Au moins on ne pourra pas dire qu'il n'était pas loquace. "J'aimerais mieux comprendre de quoi vous parlez. Ai-je mal agit ? Est-ce à propos de moi ?" Elle commence alors à avoir des larmes qui pétillent dans son regard noisette. Pourquoi cela l'atteint-il autant ? Attrapant le combiné, elle passe un coup de téléphone à un de ses collègues. "Je vais voir si mon collègue peut vous prendre monsieur Whitmore."

Il avait été maladroit et il s’en voulait à présent parce qu’il ne voulait pas être un monstre qui se comportait de cette manière. Kalel n’avait jamais su prendre de gants et voilà que cela lui jouait des tours parce qu’il sentait bien qu’il avait blessée la jeune femme alors que ce n’est pas du tout ce qu’il voulait faire. « Oh mais non, ce n’est pas vous, au contraire ! » Glissa-t-il vivement alors qu’il se redressait un petit peu. Il voyait qu’elle prenait son téléphone et elle voulait qu’il voit un collège, mais il ne le souhaitait pas le moins du monde. Alors, il se leva vivement et appuya sur le téléphone afin que la communication soit coupée. « S’il vous plait, non. Je ne veux pas voir l’un de vos collègues. » Avoua-t-il en prenant le combiné pour le remettre sur le socle. « Désolé. » Ajouta-t-il dans un petit sourire. Il ne voulait pas faire comme si il se permettait tout alors que ce n’était pas le cas, mais il ne voulait tout simplement pas qu’elle l’envoi ailleurs alors que le tatoué ne le désirait pas du tout. « Vous n’avez pas mal agi, bien au contraire, c’est moi… et oui, c’est à propos de vous, mais… » Il ne savait trop comment lui dire cela sans que cela paraisse trop bizarre ou qu’elle ne prenne la fuite définitivement. Vraiment, la jeune Gemma Alister le troublait réellement. « Vous êtes ma psychiatre, mais parfois, lorsque je pense à vous, c’est complètement différent… » La tête entre ses mains, il se demandait encore s’il ne jouait pas au con à présent, mais maintenant que c’était dit, il ne pouvait plus revenir en arrière. « Je sais que c’est mal, que je ne devrais pas… Mais à présent, j’ai l’impression de venir simplement parce que j’ai envie de vous voir et parce que votre présence me fait beaucoup de bien. »

Elle ne sait plus quoi penser. Pourquoi voudrait-il partir ? Puis finalement il dit que non, qu’il désire rester son patient. La jeune et belle Gemma ne comprend plus, surtout lorsqu’il se lève pour couper la conversation avec son collègue. Surprise, elle possède toujours le combinait en main. Que lui passe-t-il par la tête ? Va-t-il devenir dangereux ? Elle ne le sait pas mais elle a peur. Il y a quelques années de cela, un patient était tombé amoureux d’elle, sauf qu’elle avait un époux. Il était de plus en plus pressant avec Gemma-Rose et puis il lui avait dit ce qu’il ressentait mais comme se n’était pas réciproque elle avait appelé un de ses confrères puisqu’elle ne voulait plus l’avoir en tant que patient. Elle ne voulait absolument pas que cela revienne. Elle ne pourrait pas s’en remettre. Toutefois, cela était différent avec Kalel. Elle l’appréciait énormément et il faut bien l’admettre elle craquait sur lui tout simplement. Les années étaient passés et depuis la mort dans cet incendie de son époux elle n’avait jamais plus eu de relations amoureuses avec qui que ce soit. Elle se renfermait sur elle lorsqu’un homme l’abordait de trop près. Alors, raccrochant le combinait, elle se recule de sa chaise pour s’éloigner de son client encore debout. « Prenez place dans ce fauteuil voulez-vous. Nous allons reprendre tout depuis le début. Vous n’aviez pas envie de venir aujourd’hui et c’est apparemment de ma faute mais pour qu’elles raisons, dites moi tout. » Elle se fait froide, plus distante avec lui, les prunelles s’attachant aux siennes, si belles. Pourtant elle ne se laisse pas déstabiliser, les patients qui craquent sur elle, Gemma en avait déjà croisé, ce n’est qu’une petite amourette de rien du tout pourtant avec lui cela ne la dérange pas tellement que cela …