Il fait encore nuit noire sur Pasadena, pourtant, il est en train de courir. Il parcourt les rues de Pasadena, il les connait par cœur. Alors, c'est tête baissée avec une capuche sur la tête qu'il court dans les rues paisibles de la ville. Il doit être dans les quatre heures du matin puisque après cette course il rentre dans sa tour d'ivoire pour prendre une douche gelée avant de se mettre sur le clavier de son piano. Il commence à jouer, ses doigts effleurent le clavier et les notes commencent à sortir pour se suivre et ainsi donné un son mélodieux. Une heure s'écoule avant qu'il ne prenne sa limousine. Elle l'attend en bas de l'immeuble avec son chauffeur. Grimpant dans celle-ci, Théodore mordille sa lèvre, impatient de travailler. Il passe sa vie à bosser jour et nuit. C'est sa raison de vivre. Il ne s'imagine pas sans avoir quoi que ce soit à faire. Arrivant au dernier étage de sa seconde tour d'ivoire, celle de son travaille, il soupire, un rictus de douleur sur son visage. Son cœur se sert et alors il prend le premier dossier posé sur son bureau. Les heures passent, ainsi que les réunions. Heureusement arrive l'heure du déjeuner. Pour éviter que l'on vienne lui parler pour le faire travailler encore un peu, Théodore évite ses secrétaires. Traversant rapidement la route, il attache le dernier bouton de sa veste impeccable. Entrant dans le restaurant italien où il déjeune tous les jours il demande sa table lorsqu'il aperçoit la silhouette d'une jeune femme. Lullaby. Il est persuadé qu'il s'agit d'elle. Un sourire nait sur son visage et posant une main délicate sur l'une de ses épaules, il lui murmure au creux de l'oreille : « Bonjour mademoiselle Monroe. »

Il faut que je sorte, se répétait la jeune femme depuis de longues minutes alors qu’elle n’avait pas encore fait le moindre pas vers la porte d’entrée. Cela faisait des heures entières qu’elle travaillait sur le chapitre huit de son prochain roman, mais rien, elle ne parvenait pas à faire tout ce qu’elle voulait. Les mots ne venaient pas dans le bon sens, les phrases ne voulaient rien dire et finalement, elle perdait le fil de son histoire tant elle s’évadait elle-même dans ses pensées. La blonde quittait enfin le canapé lorsque son téléphone sonna – elle espérait secrètement qu’il ne s’agissait pas de son éditeur qui voulait lui mettre la pression -. Mais lorsqu’elle prit le combiné et qu’elle lut le nom de sa mère, un sourire fendit ses lèvres. Elle ne résistait jamais à l’idée d’avoir de longues conversations avec la femme qui l’avait élevée seule durant toutes ces années. Alors, tout en discutant avec sa mère, Lullaby prit ses affaires et sortit de chez elle avec empressement. Elle marchait tranquillement dans les rues de la ville et profitait du bon air qui emplissait ses poumons. Elle qui passait tout son temps dans les hôpitaux étant jeune, elle ne prenait que très rarement sa voiture puisqu’elle préférait largement être dehors. Elle profitait mieux ainsi. Et c’est lorsque la faim la rappela à l’ordre qu’elle coupa la conversation en affirmant à sa mère qu’elle la rappellerait sans faute une fois de retour chez elle. Mais pour le moment, elle n’avait qu’une envie : manger. Et ce restaurant italien semblait être descendu du ciel. Elle suivait alors un homme qui la conduisait jusqu’à une table, mais ils devaient s’arrêter puisqu’un couple se levait et semblait prendre tout leur temps… Au même moment, la jeune femme sentit une main contre son épaule et un souffle chaud contre la peau de sa nuque qui lui arrache un long frisson. Cette voix… Elle pourrait la reconnaître parmi des milliers. Lullaby se tourna vivement vers Théodore et en eut le souffle coupé durant un instant. « Bonjour, monsieur Douglas. » Murmura-t-elle avant de lui sourire. « Comment allez-vous ? Je suis ravie de vous voir. » Ajouta la jolie blonde en passant une main dans ses cheveux. Elle l’était vraiment. Tout comme elle semblait toujours autant perturbée par la présence de cet homme.

Théodore est ravi de voir la belle Lullaby. Il faut dire qu'il en pince pour elle et c'est bien la première fois qu'il est sous le charme d'une femme. À son âge ses parents pensaient qu'il aimait le même sexe que lui, mais il n'en n'est rien ! Cela ne lui ai jamais arrivé, même pas d'y penser. Alors un sourire s'esquisse sur son visage, le regard empli de malice. Comment va se dérouler cette fin de fin ? Ou plutôt comment ce déjeuner va se dérouler ? Théodore souhaiterait la revoir, mais encore faut il qu'il lui donne son numéro de téléphone personnel. S'il elle n'en voulait pas ? S'il elle se moquait totalement de  monsieur le P-DG qui a plein d'argents ? Plus qu'il n'en faut pour arrêter de travailler et ainsi liquider son entreprise mais s'il agissait ainsi ils mettraient des milliers personnes à la rue et malgré le fait qu'on le dit sans coeur il est incapable de le faire, puis il aime son métier. Jongler entre les finances mais aussi son entreprise, cela lui demande beaucoup de temps. Mais il s'en moque parce qu'il aime ce qu'il fait. Alors, toujours le regard empli de malice, il fait à présent face à la sublime personne se présentant devant lui. Mordillant sa lèvre inférieure qui veut dire "j'ai envie de t'embrasser maintenant" le beau Théodore n'en fais rien. Encrant ses prunelles dans les siennes, son sourire s'agrandi. « Je vais bien merci et vous ? Je suis également ravi de vous voir. Vous êtes divine. » S'emparant d'une des mains de la jeune femme il demande finalement une table pour deux dans un coin intime pour qu'ils puissent parler sans être surveiller. Ce n'est pas qu'il ne désire pas être vu avec elle c'est justement que les sites people et autre le pourchasse parce qu'il est riche et célibataire et il n'a pas envie d'embarrasser Lulllaby avec sa célébrité.

Face à Théodore, Lullaby craignait toujours de paraître ridicule parce qu’il lui semblait que l’homme était quelqu’un de très important. Certes, elle connaissait très bien sa réputation, après tout, qui ne connaissait pas le parcours de Théodore Leary-Douglas ? Mais ce n’était pas que cela. Il dégageait quelque chose qui lui donnait envie d’en apprendre toujours plus, bien qu’elle n’osait pas être incisive dans ses questions. Seulement, cela ne l’empêchait pas d’être toujours heureuse lorsqu’elle se trouvait en sa présence, et comme toujours, son regard se baladait sur le jeune homme, s’arrêtant quelques secondes sur ses lèvres. Mon Dieu, il fallait vraiment qu’elle se reprenne ! « Je vais bien, merci. » Glissa-t-elle dans un sourire alors qu’elle rougissait un peu au compliment qu’elle trouvait un peu fort. Elle ne se sentait pas sublime. En tous les cas, à côté de lui, elle était d’une banalité sans précédent. « Comme vous y allez fort. » Murmura-t-elle dans un petit sourire. Non, vraiment, elle ne s’était jamais sentie divine, du moins, jusqu’à ce son regard croise le sien. D’ailleurs, elle fut surprise lorsque Théodore prit sa main dans la sienne et demanda une table pour deux. Lullaby ne s’attendait pas à ce qu’il ait envie de passer plus de temps avec elle et cela la confortait dans son envie d’en apprendre plus sur cet homme qui l’intriguait depuis un long moment déjà. Et puis, il fallait bien qu’elle avoue que le contact de sa peau contre la sienne lui procurait une sorte de décharge électrique qu’elle n’avait jamais ressentie auparavant. La jeune femme suivit alors l’homme qui les conduisait jusqu’à une table un peu à l’écart, comme le souhaitait l’homme d’affaire.

Le jeune homme d'affaires et plus que ravi de se retrouver aux côtés de sa beauté. Il n'a aucune honte d'être vu avec elle mais avec son statut d'homme riche et beau il vaut mieux qu'elle reste loin de ce cercle médiatique. Ce n'est jamais plaisant ce genre de situation. Alors encrant ses prunelles dans celle de la magnifique jeune femme devant lui, il lui tire sa chaise pour qu'elle puisse s'assoir. "J'espère que cette table vous conviens." Il lui lance un sourire empli d'humour. S'asseyant en face d'elle, il lui tient toujours la main lorsqu'on leur apporte la carte des menus. Malheureusement il n'a plus de contact physique avec Lullaby. Alors quand elle lui dit qu'il y va fort, ses prunelles bleues grises s'encrent dans les siennes pour lui dire avec un aplomb : "Vous êtes divine, je ne le dis pas pour vous faire plaisir. C'est un constat. Vous êtes magnifique. Je pourrais rester là à converser durant des heures." Reprenant sa carte, il cherche un menu qui pourrait lui plaire. Le serveur arrive alors et Lullaby prend la parole pour prendre son repas. "Le menu du jour s'il vous plait et un de vos meilleurs vins." Il ne prend même pas le temps de regarder le serveur, il n'a d'yeux que pour Lullaby. Alors qu'elle a une main sur la table il l'attrape et caresse le dos de sa main. Un sourire s'esquisse sur son visage alors qu'il remarque que Lullaby rougit. "Pardon, je ne devrais pas vous faire rougir ainsi mais vous êtes encore plus belle."

Elle était déstabilisée, vraiment. Lullaby ne s’attendait vraiment pas à ce que l’homme d’affaire lui prenne la main aussi naturellement et elle ne s’attendait pas à ce que cela lui fasse autant d’effet. Était-elle sous le charme de Théodore ? Oui, cela ne faisait aucun doute. Il n’y aurait vraiment qu’un aveugle qui pourrait ne pas s’en rendre compte, et encore, peut-être entendrait-il mieux que quiconque les battements de son cœur qui s’accéléraient dangereusement. Ainsi, installée à la table, elle adressait un magnifique sourire au jeune homme alors que sa main se trouvait toujours prisonnière de la sienne. « Ce n’est pas tant la table qui importe, mais plutôt la personne avec qui on la partage. Et, personnellement, je ne pourrais rêver mieux. » Glissa-t-elle dans un petit sourire alors que des petites rougeurs apparaissaient sur ses joues. Autant elle pouvait être à l’aise lorsqu’elle signait ses livres auprès des lecteurs, autant elle était à l’aveugle lorsqu’elle se trouvait en présence de Théodore Leary-Douglas. « Oh, et bien, je vous remercie… Vos compliments me touchent beaucoup. Et sachez que c’est réciproque : votre compagnie m’est très agréable. » Avoua-t-elle dans un nouveau sourire avant qu’un serveur ne vienne les interrompre pour prendre les commandes. Sans réfléchir une seconde, la jeune femme choisit le plat du jour puisqu’elle n’avait pas franchement eu la moindre concentration en lisant le menu quelques instants plus tôt. Et sa concentration se fit encore la malle lorsque la main de l’homme se glissa de nouveau sur la sienne. Lula rougissait encore, incapable de faire autrement. « Vous me perturbez. » Ria-t-elle durant un court instant, bien qu’elle fût plus que sincère. « C’est la première fois que je rencontre un aussi parfait gentleman. Seriez-vous une espèce en voie de disparition, monsieur Leary-Douglas ? » Demanda-t-elle dans un sourire taquin.

Lui donner la main lui semble si facile, si simple, comme si c’était l’acte le plus naturel au monde alors qu’ils ne se connaissent pas plus que cela. En réalité cela ne fait que la troisième fois qu’ils se retrouvent tous deux. Ils sont dans un restaurant que Théodore aime beaucoup, il l’aime tellement qu’il la racheté afin qu’il ne mette pas clef sous la porte mais cela personne ne le sait. Le restaurant est plus que connu à présent et cela est du à Théodore. Parler de ce qu’il fait ? De l’argent qu’il donne aux fondations en Afrique pour faire des puits, pour nourrir le tiers monde, voilà à quoi songe le jeune homme qui n’a pas encore atteint la trentaine. Pourtant seul une poignée de personne le connaissent réellement. D’ailleurs il paraît comme un homme fortuné et célibataire dans tous les magasines où il daigne bien accorder quelques minutes précieuses de son temps précieux. Alors, ajustant son costume correctement, il ne cesse de la fixer, ne pouvant les poser ailleurs. Il est comme happé par la beauté de cette jeune femme lui faisant face. Un sourire se fend sur son visage lorsqu’elle lui dit aimer sa compagnie. Il pourrait rougir, mais non. Il sait toujours mettre des distances avec les autres personnes lorsqu’ils deviennent trop proches alors il retire sa main de la sienne et il pianote sur la table à l’aide de ses doigts agiles. Lui faisant un sourire franc mais avec un regard brutal et froid, il attend que leurs commandes arrivent. Après un petit temps sans parler il se racle la gorge et demande : « Au fait, vous déjeunez souvent ici ? Qu’est-ce qui vous rattache à ce restaurant ? » Encrant ses prunelles dans les siennes, il aimerait tend se rapprocher pour l’embrasser mais il ne le peut. Tout doit toujours être sous contrôle dans chaque circonstance et il serait donc bien faible de tomber amoureux.